Image-lumière

(Cinématographie :
ici l’ensemble des images-lumière)

 

« L’image est apparence (c’est-à-dire un rapport d’espace) : avec le cinéma, elle est devenue également apparition (un rapport de temps).

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L’ « image-lumière » est cette image qui se fait et se défait (comme la lumière surgit et s’épuise), un procès qui joint apparition et disparition dans une dynamique temporelle.

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La lumière immanence de l’image cinéma n’est pas mouvement parce qu’illusion de mobilité : elle est mouvement parce qu’elle existe dans une dynamique double d’apparition/disparition. La propriété de l’image-lumière est donc d’être intervalle, dualité surgissement/effacement dans le même mouvement.

Le cinéma ne se définit ni par l’image, ni par le son – qui en sont des cas particuliers – ni même par le mouvement qui n’est qu’illusion. Il est plutôt à voir comme image-lumière, c’est-à-dire apparence et apparaître, phénomène qui conjugue le visuel au temporel. Ses manifestations sont des ramifications : film, installation vidéo, œuvre cinétique, performance…

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L’image-lumière est proche de l’image-rêve, car toutes deux sont de nature temporelle : elle passe, on ne peut y revenir. Ca n’est pas qu’elle est mobile : elle est mouvante. Si le film est une image-objet, sa consistance lumière en fait une présence évanescente, comme une ombre de l’image onirique. Ephémère, mouvante et diaphane, l’image-film se vit plus qu’elle ne se voit. »

 

Joris Guibert
Extraits de Manifeste Pour Un Visuel Qui Ouvre L’œil (3) : « Expérience cinéma »
publié par Revue & corrigée (#93, septembre 2012)